« Tu ne devrais pas t’énerver comme ça ! »

Publié le 1 Septembre 2018

Le syndrome du « je ne devrais pas m’énerver ». « Je m’énerve trop vite. » « Je suis impulsive. » « Je suis colérique. »

Je suis passée par toutes ces phases. Ça a commencé quand j’étais au lycée, quand je me suis fâchée avec une amie. Je ne crois pas avoir eu tort de lui montrer que je lui en voulais à l'époque, mais je sais que je l’ai fait de la mauvaise manière, avec beaucoup de froideur et de virulence. Mais je tenais à elle, alors je me suis remise en question. J’en ai conclu que j’étais colérique. J’ai aussi eu très peur d’être hystérique, ou dépressive.

Je ne sais pas si j’étais vraiment colérique. Je manquais énormément de confiance en moi, j’étais jalouse mais je ne l’admettais qu’à moitié, et j’imagine que les hormones jouaient aussi un rôle là-dedans… n’empêche que cette expérience m’a donné envie d’être plus diplomate, et je crois que je n’ai pas trop mal réussi à le devenir.

Mais bien entendu, parfois les autres m’énervent, m’agacent, m’exaspèrent (rayez la mention inutile), et je ne sais plus quoi faire. Souvent, j’essaie de respirer un bon coup, de me calmer pour discuter, et de réfléchir à comment discuter ? Par où commencer ? Que dire pour que la personne qui m’énerve me comprenne ? Que faire pour la comprendre ? En somme, comment résoudre la situation ? Sauf que ça me prend trois jours. Ça me rend obsessionnelle. Et c’est très désagréable…

Alors aujourd’hui, après maintes discussions touchant ce sujet de près ou de loin avec d’autres personnes et pas mal de réflexion, je me dis qu’il ne faut pas non plus dramatiser les disputes. Elles arrivent parfois, font partie de la vie, et sont nécessaires. Les non-dits, c’est pire que tout, et on ne peut pas toujours réussir à être diplomate.

Je réalise également qu’on n’en veut pas toujours aux perpétuel.le.s agacé.e.s de service. J’ai connu plusieurs personnes qui passaient leur temps à râler, et j’ai remarqué que peu de gens allaient contre eux ou elles. Souvent même, ces gens vont dans leur sens… Je crois qu’ils sont blasés. « On sait qu’une telle est colérique. Elle fait encore sa crise. Et après ? Elle a aussi des qualités et je l’apprécie. » Ou alors, ils sont contents. « Il gueule, mais il dit tout haut ce que je pense tout bas, et ça m’arrange bien. Alors quoi ? »

Moi, j’aimerais juste faire partie des personnes qui osent dire ce qu’elles pensent, et si autrui n’est pas d’accord avec elles, tant pis. Je tente de devenir comme ça. Mais au fond, le conflit me fait peur. Je crains les critiques. Je crains même que les gens en viennent à me détester. Qu’ils me voient comme mon amie m’a vue en 1ère – qu’elle ait eu raison ou tort, ça n’a pas d’importance : pendant longtemps j’ai eu honte de l’image que je lui ai donné de moi, et il y a toujours une petite voix dans ma tête qui me crie « Plus jamais ! » quand je m’en souviens. Alors souvent, je me tais. Je laisse couler. Parfois je suis juste fatiguée, je n’ai pas envie de débattre juste pour avoir le dernier mot.

Et des fois j’ose. Aujourd’hui, j’ai tenté de faire comprendre à une amie, via Facebook, que je pensais qu’elle avait tort. Je n’ai pas été insultante, je ne pense même pas avoir été virulente. Ce n’était qu’une phrase sèche – mais je sais l’ampleur que ça peut prendre par l’écrit. Je pense que j’ai raison, mais après avoir envoyé mon message, une pointe de culpabilité s’est mêlée à la colère…

Ah, la culpabilité, cette vieille ennemie… J’en ai déjà discuté de longues heures avec d’autres personnes. Nous en avons conclu qu’on ne peut pas la laisser nous bouffer systématiquement. Parfois on a raison de s’énerver. Et peut-être que parfois on a tort, mais ce n’est pas grave : après tout, qui n’a jamais eu l’air ridicule en s’énervant pour rien ? Ce n’est pas ce que les gens qui nous aiment retiennent de nous.

Rédigé par Cheschire

Publié dans #Souvenirs, #Pensées qui courent, bonjour

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