Coup de coeur - Zombillenium - SPOILERS

Publié le 4 Mars 2018

/!\ SPOILERS DE A à Z ! NE LISEZ PAS CET ARTICLE SI VOUS SOUHAITEZ VOIR CE FILM OU LIRE LES BDs ! /!\
 
J’ai bien conscience qu’il y a beaucoup de colère, de tristesse, de mélancolie et autres sentiments négatifs sur ce blog. Probablement parce que je suis, ou du moins parce que j’ai envie d’être, une humaniste : je trouve que les êtres humains sont passionnants grâce à leurs sentiments, leurs peurs, leurs psychologies. Je pense donc que chacun.e mérite l’écoute, la considération, et surtout le respect. Alors la transgression des droits humains me révolte totalement.
Et je pense que Zombillénium, film d’animation que j’ai (ENFIN !) vu au cinéma ce matin, aborde, à sa manière, ces sujets.
Zombillénium, c’est l’histoire d’un contrôleur général qui meurt alors qu’il inspecte un parc d’attractions ayant pour thème : les monstres. Et j’ai eu un énorme coup de cœur pour ce film. Je ne prétends pas en livrer une critique, mais plutôt MA critique de fan-toute-neuve-de-ce-dessin-animé en exposant les (nombreux) points positifs et les (quelques) défauts que je lui ai trouvés.

 

 

POINTS POSITIFS : 
 
  • Une allégorie du monde du travail

Le métier héros de Zombillénium, Hector, apparaît généralement très peu dans la fiction : il est contrôleur du travail. Il a d’ailleurs une mauvaise réputation dans son village puisqu’il fait apparemment fermer des usines, donc il met les gens au chômage. D’ailleurs, lorsque les camarades de classe de sa fille Lucie apprennent sa mort, un petit garçon ose se réjouir tout haut car la fonction d’Hector le rendait « méchant ». En somme, le héros peut être vu comme quelqu’un qui est devenu cruel à cause de son métier, et qui du coup passe à côté de sa vie. Mais il finit par en prendre conscience en se retrouvant de l’autre côté du miroir…

En effet, une fois décédé (il a été victime d’un vampire, le directeur de Zombillénium, puis d’un loup-garou-agent de sécurité), Hector devient l’employé forcé du parc d’attractions. Pas le choix ! Les deux morsures infligées par deux monstres (qui ne le sont pas vraiment) le transforment bientôt en une sorte de créature hybride : au mieux il suscite la peur auprès des êtres humains, au pire la haine. Le parc est à la fois sa prison car il n’y reste pas de son plein gré, son cercueil car il y est mort et qu’il s’y trouve pour l’éternité, et sa protection contre des humain.es hostiles.

 

Hector devient donc l’employé de Francis, directeur vampire du parc. Ce dernier peut sembler cruel sous certains aspects : dès le début du film, on l’entend refuser l’une des revendications des travailleurs atypiques de Zombillénium, c’est-à-dire des congés le samedi et le dimanche. C’est aussi lui qui mord, qui tue et qui jette le héros de la plus haute tour du parc pour essayer de comprendre quelle sera exactement sa nature de monstre.

Mais ce patron conserve un côté humain : il tient à la diversité au sein de son entreprise. Il tient tête à certains vampires qui voudraient en être les maîtres quitte à envoyer les zombies, loups-garous et autres monstres dans les flammes de l’Enfer… Une nuit par mois, il autorise ses employé.es à s’amuser comme bon leur semble dans Zombillénium. Il est d’ailleurs reconnu, car lorsqu’il est déchu de son poste, les travailleur.euses l’applaudissent, bien qu’il leur ait refusé les congés souhaités.

Il tente surtout de négocier et d’adoucir les désirs de son propre chef, le « Président » du parc d’attractions, qui n’est autre que… le Diable.

 

Très honnêtement, je trouve l’image assez peu flatteuse pour les PDG de la vie réelle. Je crois dur comme fer qu’il ne faut pas faire de généralités, et qu’il existe des grand.es patron.nes très justes, qui ne sont pas obsédé.es uniquement par le profit de leur entreprise.

Mais il existe aussi des Donald Trump, et ils sont excessivement nombreux.ses. Dans Zombillénium, le PDG est donc littéralement Satan (image qui colle assez bien au président des Etats-Unis, d’ailleurs). On ne le voit que dans le générique de début : immense au milieu des flammes de l’Enfer, baraqué, rouge, avec des cornes, et cruel puisqu’il déclenche un coup de grisou dans une mine, assassinant ainsi les ouvriers et les ouvrières qui deviennent ses esclaves-mort.es-vivant.es par la suite. Après quoi il « n’apparaît » plus que sous forme de flammes, à travers des écrans d’ordinateur ou de smartphone, et fait fondre au passage les matériaux dont ils sont composés… Et que veut-il, ce cher Lucifer ? Du profit, de l’argent. Il met la pression à son subordonné, le patron vampire, qui décide de montrer aux investisseurs humains que le parc vaut le coup d’être financé. A la toute fin du film, le Diable mentionne sa satisfaction de ne plus se trouver dans l’attente de bénéfices, mais semble tout de même plus sympathique : il campe alors un rôle de père – et semble donc… humain. Et qui est son enfant ? Une sorcière, stagiaire à Zombillénium !

 

Comme quoi, quand je vous dis que le film est une allégorie du monde du travail, je ne plaisante pas.

Gretchen, fille de Satan, est une sorcière qui doit effectuer un stage au sein du monstrueux parc d’attractions. Et elle s’y ennuie, puisqu’on refuse de lui confier des responsabilités autres que vendre des ballons de baudruche aux enfants ou surveiller le petit nouveau (Hector). Mais elle est rebelle, elle ose se plaindre de sa condition au patron vampire (qui, lui, en profite pour la rabaisser à son rôle de stagiaire), et tente de faire plus dès qu’on lui en donne l’occasion. En somme, elle est courageuse, elle sait qu’elle a des capacités et qu’elle peut faire plus, elle le sait et tente à tout prix de le prouver (au point de se faire avoir par un bellâtre, mais on y reviendra après).

Mais honnêtement, je n’ai pas grand-chose d’autre à dire sur le rôle de stagiaire de Gretchen. Je trouve que son côté badass et sa volonté d’empouvoirement sont chez elle ce qu’il y a de plus marquant !

Et accessoirement, je relativise ce rôle de stagiaire exploitée car je ne l’ai pas du tout ressenti dans mes propres expériences de stage.

 

Dans Zombillénium, il y en a un autre qui se bat pour lui-même, pour sa gloire, mais au final aussi pour ses convictions et pour autrui : Sirius, le squelette délégué intersyndical (qui a la voix de Mat Bastard, du groupe Skip the Use).

C’est un peu le copilote comique et ridicule qu’on retrouve souvent dans le cinéma américain : il est celui qui (à mon sens en tout cas) accueille Hector avec le plus de chaleur, et qui essaie immédiatement de l’intégrer. Il y a quand même de l’intérêt là-dedans, puisqu’il tente tout de suite de lui faire rejoindre le syndicat, composé (en-dehors du délégué) de deux zombies et d’une momie inactifs. D’ailleurs les autres se moquent de lui car ils ne croient pas un mot de son histoire de défenseur des droits humains assassinés de son vivant, et ils n’ont pas tort…

Mais finalement, on peut peut-être dire que Sirius atteint son but de délégué intersyndical : il rassemble. Il rassemble notamment les vampires et les autres employé.es du parc en posant sa voix sur la musique de Gretchen et d’Hector lors d’un concert normalement réservé aux « suceurs de sang ». Certes c’est beaucoup grâce au héros et à sa brochette de nouveaux.elles ami.es, mais j’ai quand même envie de croire que c’est aussi grâce à son énergie (parce que j’aime ce personnage, laissez-moi).

 

Bilan : Le monde du travail, thème central du film d’animation Zombillénium. Je ne suis pas une experte de ce domaine, donc il y a probablement pleins de détails qui me sont passés sous le nez, et pleins de choses que je n’ai pas analysées en profondeur. Cependant, je trouve que ce dessin animé approche le sujet de manière très intéressante.

 

 

  • L’esclavage, l’exploitation et la lutte des classes

Je ne les classe pas dans « Allégorie du monde du travail » vu que selon moi, « esclavage » et « exploitation » ne devraient pas être synonymes de « travail ». Mais je pense que le film fait tout de même un lien évident entre les deux.

 

Dès le début de Zombillénium, on observe les mécanismes immenses qui font fonctionner le parc, et qui fonctionnent eux-mêmes grâce aux damné.es de l’Enfer. Comme Sisyphe, ils et elles sont obligé.e.s d’accomplir les mêmes gestes répétitifs pour l’éternité. Mais cela m’évoque plus l’esclavage au sens propre du terme, surtout localisé dans les pays les plus pauvres ou en voie de développement selon les médias, que l’esclavage qui peut se planquer vicieusement derrière le travail.

 

Je pense que ce dernier est plutôt incarné par la volonté des vampires de prendre possession de Zombillénium. Quand Hector arrive, les « suceurs de sang » sont l’attraction phare du parc, ils le savent et ils comptent bien le rester. Ils en ont visiblement marre de travailler aux côtés de zombies, de squelettes et d’autres monstres bizarres, qu’ils trouvent surtout laids. En gros, ils font un énorme complexe de supériorité, et trouvent donc légitime d’envoyer leurs collègues six pieds sous terre, en Enfer. En somme, ils trouvent légitime d’écraser les autres pour leur propre gloire.

 

C’est là où on peut aussi observer une transposition de la lutte des classes : d’un côté les vampires à l’aura envoutante, beaux, qui ressemblent encore à des êtres humains (au point d’avoir réclamé à Francis le droit de sortir du parc) ; de l’autre, les « monstres », déchiquetés, décomposés, les os à nu, considérés comme laids et effrayants.

Ce point mériterait probablement d’être approfondi, mais en réalité je ne connais pas bien Marx, donc je préfère m’arrêter là.

 

 

  • La représentation de la (sur)consommation et de l’éventuel narcissisme provoqué par les réseaux sociaux

En fait, je n’ai pas grand-chose à dire là-dessus, mais deux scènes m’ont particulièrement marquée :

      - Deux adolescentes, style « emogothique » (?), entrent dans le nouveau parc baptisé « Vampirama », et se prennent en selfie devant le loup-garou-agent-de-sécurité, dans des pauses à la mode, en souriant de toutes leurs dents… mais repartent en déclarant que « Pff, il est trop moche ! » ;

         - en plein milieu de la « guerre civile » qui se déclare dans Vampirama entre Zombies & Co et les Vampires, un banc sur lequel un couple était assis tombe soudain en miettes, précipitant les tourtereaux par terre. Pendant trois secondes, ils ont l’air terrifiés… mais finissent bien vite par sortir le smartphone au bout de la perche à selfie pour se photographier en souriant jusqu’aux oreilles… toujours en pleine bagarre.

 

Peut-être une façon de dire qu’aujourd’hui, on consomme, on aime ça et on en fait part à tout le monde sur les réseaux sociaux pour que nos « ami.e.s » puissent consommer à leur tour nos selfies…

Impossible de ne pas placer un hommage au clip de Moby.

      •  
  • Les références à d’autres dessins animés de mon enfance…
…et à des Disney, qui plus est. Non pas que je sois une fan inconditionnelle des films créés par l’entreprise du fondateur de Mickey, mais j’ai comme l’impression qu’aujourd’hui, s’inspirer de Disney, c’est un peu la honte…
 
Alors quand j’ai vu Gretchen en suspension dans le ciel, entourée d’une boule d’énergie qui lance des éclairs et les yeux remplis de cette même énergie bleutée, j’ai été ravie de penser immédiatement à Atlantide (un de mes dessins animés préférés de tous les temps).

L'une des plus belles scènes du film ♥

Hector transformé en démon puissant et grimpant à la grande roue m’a aussi rappelé la Bête de La Belle et la Bête (aussi bien le film d’animation que le film avec Emma Watson), lorsqu’elle bondit de tour en tour pour atteindre Gaston, puis Belle.
Et comment ne pas se rappeler de Quasimodo dans Le bossu de Notre-Dame, qui escalade avec grâce la façade de la cathédrale parisienne ? 
DROIT D'ASIIIIIIILE !!!

Enfin, sans être fan de Twilight (mais alors là mais PAS DU TOUT !!!), j’ai trouvé géniale la ressemblance frappante du méchant (dont j’ai oublié le nom) avec la belle figure commerciale de Robert Pattinson grimé en Edward…

Sauf qu'Edward est censé être gentil.

 

      •  
  • LA MUSIQUE !
A ce sujet, il n’y a aucune référence à Disney dans le sens où il n’y a pas de chansons plus ou moins sympa, plus ou moins niaises toutes les trente secondes.
 
Zombillénium met en scène des rockeurs à travers les personnages de Gretchen, d’Hector et de Sirius – Sirius, alias Mat Bastard de Skip The Use, comme je l’ai mentionné plus haut. Un concert est représenté dans le dessin animé, et franchement… ça m’a donné envie d’entrer dans l’animation pour y devenir une spectatrice. J’ai trouvé la musique puissante, vibrante, les paroles (de solidarité) inspirantes.

Everybody stand as one, we don't care where you come from, you'll never be aloooone! ("Tout le monde debout comme une seule personne, d'où tu viens on s'en fout, tu ne seras jamais seul.e !") ♥

Je parle de ce concert animé mais la bande-originale du film dans sa globalité mérite d’être soulignée. La musique du générique au début m’a fait penser que j’allais passer un super moment, et ça a bien été le cas durant une heure et dix-huit minutes !
 
J’ai également eu un gros coup de cœur (et de rire) pour les références un peu insistantes au clip Thriller de Michael Jackson.

'CAUSE THIS IS THRILLER! THRILLER NIGHT! And no one's gonna save you from the beast about to strike! ♪

 
Mais bien sûr, la perfection n’existe pas, et Zombillénium a ses défauts…
 
 
POINTS NÉGATIFS 
      •  
  • La représentation des femmes
Zombillénium fait partie de ces films où le nombre de personnages masculins est supérieur à celui des personnages féminins. Et ces derniers sont quelque peu caricaturaux selon moi.
 
J’ai vraiment adoré Gretchen, mais genre VRAIMENT. Son style ado-rebelle-mélancolique-qui-s’en-fout-du-monde-mais-en-fait-non, tatouée, les cheveux teints, habillée en débardeur et en jean taille basse est probablement déjà stéréotypé, mais je l’adore quand même.
Ce que j’ai surtout trouvé lassant dans son personnage, ce sont ses histoires d’amour :
       - Elle se fait avoir par le méchant. Il est son ex, mais visiblement elle est toujours un peu sous le charme. Elle l’accuse, entre autres, d’avoir été pervers et manipulateur. Sans déconner ?...
       - Son deuxième amoureux est nettement plus sympathique et attachant… mais il a minimum 10 ans de plus qu’elle. Minimum. (A moins qu’elle ne fasse partie de ces créatures de l’Enfer pour qui 100 ans sont égaux à 18 ans dans notre monde, ce qui n'est pas précisé dans le film.)
 
Le personnage féminin qui m’a le plus agacée est cependant celui de l’institutrice. Un cliché sur pattes, pire que Gretchen : cheveux gris et courts, lunettes carrées, tenues strictes, talons hauts qui claquent de manière menaçante… mais surtout, un caractère sévère qui en vient à la rendre cruelle (elle enferme des enfants dans un placard quand même).
 
NON JE NE SUIS PAS EN TRAIN DE DÉCRIRE LA PROFESSEURE MACGONAGALL ! Elle n'enferme personne dans les placards, elle ! (Certes elle menace Harry et Ron de les transformer en montres pour qu'ils cessent d'être en retard. Mais ça, au moins, c'est utile !)
 
Cette professeure de malheur m’a aussi rappelé les nombreux clichés sur les belles-mères.
Après, elle possède un certain potentiel comique : ses expressions de visage et son amour soudain et effrayant  pour le vampire-dont-je-ne-me-rappelle-décidemment-pas-le-nom à la fin du film (quoique, cela aussi soit relativement cliché).
 
Enfin, je trouve que les figurantes animées du film y sont assez mal servies : les ado-émo-goth-niaises amoureuses du faux Edward, la monstre-pieuvre qui louche sur Hector, etc.
 
Après, il y en a quelques-unes qui sortent de l’ordinaire : je me souviens de la mère d’un enfant qu’on ne voit que 5 secondes au début du film, petite et potelée, pas spécialement apprêtée ou jolie. Une personne NORMALE quoi !
Il y a aussi la camarade de classe de Lucie qui se soucie d’elle et ne craint pas de la défendre face aux ragots.
Et bien sûr, il y a Lucie elle-même, la fille d’Hector. Elle aime les monstres au point de jouer avec des autocollants les représentant, ce qui, dans notre réalité actuelle, serait probablement considéré comme original « pour une fille ». Elle est surtout courageuse : elle tente par tous les moyens de retrouver son décédé de père, et se confronte donc plus d’une fois aux griffes de son affreuse professeure.
 
      •  
  • Le parcours d’Hector

Au début du dessin animé, Hector apparaît comme une personne stricte et bornée, presque méchante par moment. Mais derrière cette apparence sévère se cache un veuf blessé qui a dû renoncer à ses rêves de jeunesse pour travailler véritablement et ainsi nourrir sa fille… 

Il ne manque que les violons.
J’avoue, j’aurais bien aimé qu’Hector soit un relou de service qui s’aperçoit que la vie c’est beau. Comment ça c’est cliché aussi ?!...
Quand tu t'aperçois que ta propre logique est illogique.
En plus, le coup de « Je renonce à mes rêves parce que sinon moi et mes enfants on meurt de faim », ça reflète quand même une certaine réalité…
 
 
Ma conclusion est donc la suivante : Zombillénium est entré dans mon top 5 de mes films d’animation préférés. Pas étonnant qu’il ait été nommé aux Césars ! 
Deux mots pour résumer tout ça : regardez-le !

Rédigé par Cheschire

Publié dans #Cinéma, #Coups de coeur

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